Définition de MALOTRU, UE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : ma-lô-tru, true

DÉFINITIONS

1
Sémantique : Terme familier. Anciennement, incommodé en sa personne (ce qui est le sens le plus voisin du sens propre).
Il a été pris adjectivement en ce sens.
Parbleu, bon ! je vais par les rues ; Mais je n'y vais pas de mon chef Ni de mes pieds, qui par méchef Sont parties très malotrues
de Paul SCARRON dans le Chemin du marais.
Le chevalier de Lorraine est très malotru et très languissant ; il aurait assez l'air d'être empoisonné, si Mme Brinvilliers eût été son héritière
2
Personne maussade et mal bâtie.
Mais, c'est vous, malotru, qui faites le savant
Se trouvant à la fin tout aise et tout heureuse De rencontrer un malotru
Si le financier manque son coup, les courtisans disent de lui : c'est un bourgeois, un homme de rien, un malotru ; s'il réussit, ils lui demandent sa fille
de Jean de LA BRUYÈRE dans VI
L'impertinent gazetier ! peut-on dire de telles pauvretés avec un ton si emphatique ? le roi est venu en haute personne.... eh ! malotru, qu'importe que sa personne soit haute ou petite ? dis le fait tout rondement
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Écoss. II, 6
On y voit tous les jours [à la cour] de beaux seigneurs qui n'ont point de conversation, et des malotrus qui parlent avec assurance
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Taureau blanc, II
Il est quelquefois adjectif en ce sens. Un personnage malotru.
Hélas ! tout malotru qu'il est, je voudrais de tout mon coeur être ce misérable
de Antoine HAMILTON dans Hist. de Fleur d'épine.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Tant i avoit des paiens malestruz....
dans Bat. d'Aleschans, V. 6160
2
XIIIe s.
Mès mon escondire que vaut, Lasse, chaitive, malostrue, Quant je jà n'en seré creüe ?
dans Ren. 9797
Si m'escuse à mon langage Rude, malostru et sauvage, Car nés ne sui pas de Paris
de P. PARIS dans Mss. fr. t. V, p. 45
3
XIVe s.
Vers le chastel en va li lerres [larron] malostrus
dans Baud. de Seb. VI, 613
Calamitosus, chetis, malestrus
dans Gloss. fonds St-Germ. n° 1189
4
XVe s.
Malotru, quoquart, testu, Je le voy mieux que tu ne fais
dans la Nat. de N. S. J. Mystère
N'acquierre jà chevance malostrue : Mieulx vault honneur que honteuse richesce
de Eustache DESCHAMPS dans Ballade, Mieux vaut honneur.
5
XVIe s.
Soudain je fuz certain que ceste compagnie Estoit des malautreux, miserables, chetifs, Tant à Dieu desplaisans qu'à sa bande ennemye
de GRANGIER dans Dante, III
Communement on les veoid [les mères] s'addonner aux plus foibles et malotrus [enfants]
de Michel de MONTAIGNE dans II, 87
Paix malotrue [paix mal faite]
de SULLY dans Mém. t. XII, p. 323, dans LACURNE
Ainsi les pauvres malautrus sont aulcunes fois plus de trois semaines sans manger

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, mauletru ; wallon, mâlastru, étourdi, maladroit ; génev. malatru, malotru, et aussi usé, délabré ; provenç. malastruc ; anc. catal. malastruch ; anc. espagn. malastrugo ; anc. ital. malestruo. Il y a deux formes : l'une, française, est malestrut, du latin male instructus, mal pourvu ; l'autre, provençale, est malastrug, du latin malus, mal, et astrum : qui est sous l'influence d'un mauvais astre. Ces deux formes se sont confondues dans le sens actuel de malotru.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
MALOTRU. Ajoutez : - REM. Voici un exemple de la fin du XVIIe siècle, où malotru est pris dans son sens étymologique de male instructus : En la ville nouvelle d'Amsterdam, il y a un amphithéâtre assez malautru, dont la scène est fixe et sur lequel on jouoit des mommeries qui ne sentaient ni sel ni sauge, Sorberiana, éd. de Toulouse, 1691, p. 18.